Je suis allée voir les Bleues jouer contre l’Allemagne, vendredi dernier. Invitation totalement inattendue, j’ai sauté sur mon collègue qui agitait sa place le matin même, en chouinant parce que moi aussi j’aurais vraiment voulu y aller, quand il m’a tendu son billet en me disant d’y aller, va.
J’ai rouspété pour la peine, parce que je me sentais quand même un peu gênée de lui ôter sa place comme ça, mais bon après tout, j’avais fait un caprice pour de rire, alors j’avais vraiment forcé personne à me donner la place, hein. Comme j’ai rassurée ma conscience là, c’est bon, je peux continuer.
J’étais vraiment très contente parce que je voulais aller voir un des matchs de la Coupe du Monde, même si, non, je l’avoue quand même tout net, je n’ai pas l’habitude de regarder le foot féminin. Mais bon, sur les quelques matchs joués à Montréal, je trouvais ça dommage de pas aller voir les Françaises.
Flashback contextuel.
J’ai grandi avec un grand frère qui ratait pas un match du Barça, étant moi-même ultra conditionnée pour supporter cette équipe – je rappelle à toutes fins utiles que je vivais à Madrid et que, globalement, en étant Française et en supportant le Barça, je cumulais les mauvais points. Mon frère m’avait appris les rudiments pour jouer sur le PC à Fifa – ça devait être le Fifa 95 à l’époque, mon Dieu que je me sens vieille et, même si j’étais loin d’être très forte, mon équipe tenait pas mal la route. Je pourrais pas en dire la même aujourd’hui, parce que l’an denier, forte de mes anciennes expériences, j’ai voulu y rejouer contre les copains, j’ai perdu 12-0 alors (recréant un match Impact de Montréal – FC Barcelone)(autant vous dire que vraiment, il a fallu que je marque des buts contre mon camp pour perdre)(et c’est ce qui s’est passé, oui). Je me souviens qu’à 8 ans, j’étais capable de citer la composition exacte de mon équipe fétiche et je garde un souvenir plutôt intense du jour où j’ai mis les mis pour la première fois – j’avais 6 ans – au stade Barnabeu (oui je sais, ça c’est celui du Real Madrid, mais bon, hein, on fait ce qu’on peut, même si on doit mettre les pieds dans le stade de l’équipe ennemie).
Je me débrouillais souvent pour jouer au foot avec les garçons dans la cour de récré, j’étais un peu garçon manqué et j’aimais bien l’idée d’être la seule fille au milieu de tous ces garçons complètement obnubilés par un ballon noir et blanc et j’aimais aussi pas mal l’idée d’être jamais la dernière choisie pour faire les équipes au cours de sport (sauf quand c’était du basket, là, j’étais vraiment vraiment mauvaise). J’avais des posters de Zidane dans ma chambre – mais ça, je crois que c’est normal – et encore aujourd’hui, je voudrais bien épouser Guardiola – mais ça aussi, je crois que c’est normal.
Depuis la fin bénie de l’école primaire et de ma vie à Madrid, j’ai suivi de plus ou moins loin le foot, je regarde toujours les Real-Barça, parce que quand même, c’est un peu plus que des matchs de foot pour moi, et j’aime bien être au courant du classement de l’équipe de St-Etienne – parce que mon papa est un fervent supporter. Pour le reste, comme beaucoup, je rate pas les matchs de Coupe du Monde masculine et ça va pas forcément plus loin.
Alors là, même si au début je me sentais une imposture j’avais un peu l’impression de retrouver un vieux souvenir, c’était drôlement bien. Bon, les Bleues ont perdu – à cause d’un penalty sifflé d’une manière totalement inappropriée, mais l’arbitre, en plus de se coller entre les pattes des joueuses et de distribuer des cartons jaunes au mauvais moment, était vraiment du côté blanc du match, mais c’était quand même bien chouette.
Les trois gars devant moi ont fait mon spectacle quand j’étais un peu top stressée pour regarder l’action (je crois avoir perdu trois ongles à force de les ronger pendant ces 90 minutes + 30 minutes + penaltys), entre leurs plans pour s’échapper de leurs mariages respectifs qui visiblement étaient bien compliqués à gérer, leur soirée poker qui était censée commencer tôt mais avec le match qui s’éternisait un peu, on sait pas, et l’un d’entre eux a commencé à répondre à ses courriels pros pendant les mi-temps et l’autre lui soufflait les bonnes tournures de phrases en anglais, j’ai beaucoup apprécié ces interludes divertissants. J’aurais bien glissé une réponse un peu plus appropriée au deuxième mail qu’il a envoyé, mais je me suis dit que ça se faisait pas forcément de lire par dessus son épaule, même si je trouvais qu’il méritait bien ça parce qu’il avait passé 10 minutes avant avec ses deux potes à parler d’une fille qui venait de passer en des termes que la décence m’interdit de publier ici mais qui ont légèrement révolté mon petit côté féministe.
À part ça, j’en retire que c’est quand même vraiment plus cool quand le stade est à ciel ouvert, que les femmes – comme les mecs – sont quand même assez portées sur la simulation des fautes, que les Allemandes étaient vachement plus portées sur les vraies fautes commises aussi, que Montréal sait pas vraiment lancer des olas, que les paroles de l’hymne française sont vraiment ignobles, que perdre sur les tirs aux buts, c’est le pire du truc du monde, que les supporters français sont pas loin d’être les moins fair-play du monde (je suis la première à être d’une mauvaise foi délirante et d’être la plus mauvaise perdante du monde, mais quand même), et surtout, surtout, ça m’a terriblement donné envie de m’inscrire au soccer (ici, on dit comme ça) à la rentrée.
D’ici là, je vais m’entraîner à Fifa.