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Channel: Sport – les parenthèses
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La Spartan Race

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Je crois que j’aime bien cette idée de faire partie des personnes un peu folles qui prennent le départ des courses comme la Spartan Race. Je crois que j’aime bien, peut-être encore plus, le regard un peu desespéré qui indique clairement que la personne en face de vous vous prend pour une personne folle, quand on annonce qu’on va faire la Spartan. Et je sais que, définitivement, j’adore cette sensation quand on passe la ligne d’arrivée de n’importe quelle course, folle ou pas.

Alors ce dimanche, c’était la Spartan Race de Montréal. Mont-Tremblant plus exactement, format Sprint. C’est à dire environ 5 km (en fait, c’est précisé que c’est 5km ou plus)(c’est toujours plus, évidemment, il me semble que cette année c’était 9.7, si j’ai bien compris les discussions des trois filles derrière moi quand on grimpait la montagne), avec des obstacles à franchir, obstacles aussi divers et variés que des barbelés à traverser à quatre pattes, des pneus de tracteur à déplacer, des cordes à grimper, du feu à sauter, le tout avec en général un maximum de boue autour et parfois un peu de neige – fin mai, oui, il reste encore de la neige.

L’an dernier, bien que pas vraiment entrainée – courir, c’est une chose, courir en montagne et franchir des obstacles, c’est assez différent – j’avais adoré, alors cette année, avec 3 ou 4 heures de bodypump par semaine, à peu près autant de yoga et le double en cardio, j’étais pas mal préparée. Et puis la vie en ce moment a décidé de me faire comprendre que j’étais épuisée à force d’autant d’hyperactivité et d’entraînements et de projets et d’envies et d’insomnies, aussi, alors ces derniers mois, j’ai enchaîné les petites conneries musculaires ou autres. Quand c’est pas la cheville qui fait n’importe quoi, c’est le cou qui bouge plus, c’est les migraines insupportables, les otites ou les angines qui me clouent au lit. Je pense que ces six derniers mois, j’ai eu plus de petits bobos que sur les dix dernières années. Mais enfin, la question est pas là, on parlera mon mon hyperactivité une autre fois.

Mais toujours est-il que les 4 jours avant la Spartan, j’étais clouée au lit par une angine, sans rien manger ni boire – non mais j’allais vraiment bien, hein. Le samedi, comme ça allait un peu mieux, j’ai mangé des pâtes, j’ai bu beaucoup d’eau et j’ai dit aux copains que je viens demain, hein, attendez-moi.

spartan_2

Alors c’est comme ça que le dimanche matin, après un réveil à 7h, un bol de porridge au lait de cajou & macadamia (mon nouveau doudou, ça) et une banane, j’étais dans la voiture vers la ligne de départ. Oh, évidemment, j’ai passé tout le trajet à embêter les garçons parce que je voulais pas y aller, tout en leur jurant que je fais toujours ça, pas vouloir y aller et être la première à m’inscrire à dix huit courses sitôt la ligne d’arrivée passée. Une fois sur place, il faisait un soleil radieux, on a mis de la crème solaire (j’ai oublié d’en mettre sur la nuque et bien entendu, je suis revenue rouge à cet endroit précis), on a pris les fruits secs et les chaussettes pour après, on s’est écrit nos numéros de fous-qui-courent-dans-la-boue sur le bras au marqueur (indélébile, évidemment) et on a enfilé nos bandeaux-dossards. Le départ était prévu à midi trente, à midi, on était derrière la ligne de départ – après avoir déjà dû franchir un petit obstacle, évidemment.

Il y a bien entendu eu ce petit moment gênant où l’animateur nous fait crier plein de fois qu’on est des Spartiates, usant et abusant des techniques du meilleur chauffeur de salle (dieu que je déteste crier comme ça dans un groupe, c’est pareil dans les cours de bodypump, y’a toujours un idiot qui décide de motiver le reste du cours avec des hurlements qu’il pense encourageants mais qui, personnellement, me donnent surtout envie de lui lancer ma barre avec mes deux fois vingt-cinq kilos des squats sur la tête)(évidemment je peux pas, les cinquante kilos resteraient bloqués à mes pieds)(et tout le monde rigolerait bien de mon échec, je déserterais les cours de bodypump et j’aurai les bras tout flasques).

Et puis il a dit go! et alors on est partis. Ça a commencé un peu fort : la première montée. On sait, en allant faire la Spartan de Mont-Tremblant qu’on aura de toutes façons deux immenses montées. Ceux qui ne connaissent pas, imaginez-vous remonter des pistes de ski – rouges ou noires – en courant (je crois que c’est à ce moment là qu’on est très contents d’être à Montréal et pas dans les Alpes). On commence toujours en courant et au bout de dix minutes (je suis un peu large sur les créneaux horaires exprès)(au bout de trois minutes trente en vrai), on se met à marcher vite, mais je reprends la course dès que c’est plat. Bon, au premier plat, il y a des obstacles, à quatre pattes dans la boue sous les barbelés, c’est là où j’ai entrepris de redécorer mes genoux avec des égratignures et des bleus, c’est très seyant, heureusement qu’on a une météo désastreuse en ce moment qui ne m’autoriserait pas de toutes façons à sortir en salopette.

spartan_1©Spartan

Les obstacles s’enchaînent, j’ai la bonne surprise de passer tous les murs à franchir et autres obstacles qui font appel à la force dans les bras assez facilement, le bodypump aura bel et bien servi à quelque chose (à part le fait de tomber amoureuse du prof, évidemment), on commence à redescendre, mais vous inquiétez pas, on sait qu’il y a la deuxième montée, à peu près trois fois plus raide et deux fois plus longue pas trop loin. Les trucs un peu plus faciles, renverser le pneu de tracteur, le javelot que de toutes façons tout le monde rate – j’ai fait mes premiers burpees d’obstacle raté ici – le pont de singe, l’espèce d’araignée en toile géante à escalader (je sais pas comment ça s’appelle, ce truc, mais c’est le plus rigolo qui me rappelle beaucoup les jeux dans la cour de récré quand j’étais enfant). Et la deuxième montée arrive.

Elle est atroce et le problème en ayant déjà fait la course, c’est qu’on sait à peu près exactement qu’elle va être compliquée. On y va un peu plus doucement, juste histoire d’être certain de ne pas s’arrêter en chemin, surtout, ne pas s’arrêter en chemin. La montée est longue, y’a pas mal de gens qui sont assis en train de manger du sucre, on croise quelques membres de l’équipe médicale (c’est jamais très très rassurant, hein), et puis quelques quarante minutes plus tard (je sais pas, j’avais pas de montre, mais c’était vraiment long), on est en haut. J’ai décidé de m’octroyer trente secondes juste pour regarder la vue, parce que merde, hein, c’est quand même vachement beau et y’a déjà un autre obstacle, celui avec des barres parallèles qu’il faut traverser sur les bras. Une fois que c’est fait, on commence la descente.

Je sais même pas ce qui est pire : la montée, ou la descente. Parce que je ne sais pas si c’est moi qui ait un problème, mais j’ai l’impression d’être dyslexique des pieds parfois et surtout en descente. C’est mille fois plus demandant en terme d’énergie et de concentration de descendre, surtout dans des conditions pareilles : roches, boue, racines, on a pas mal rigolé, mais pas vraiment sur le coup, je promets. J’étais au coude à coude avec un garçon particulièrement beau (je pense que j’étais pas à mon avantage pour l’aborder) du coup je profitais de ses appuis pour poser mes pieds exactement aux mêmes endroits.

Je vous passe l’épisode où, avec un sac de sable à transporter dans la boue (bien sûr), je me suis étalée de tout mon long sur le flanc droit, alors que les deux filles derrière moi venaient de se faire la judicieuse remarque que c’était, je cite, fuc*ing slippery, alors oui je confirme, c’est très glissant oui, mais elles ont été très gentilles et se sont précipitées (aussi vite que le permettent un sac de sable et la boue glissante) pour m’aider à me relever. Environ sept pas plus tard, j’ai fait la même chose mais de l’autre côté, si bien que j’ai fini cette descente entièrement recouverte de boue, du haut des hanches aux chevilles. Extrêmement bon pour la peau, je vous jure que j’ai les jambes toutes douces actuellement.

J’ai raté l’épreuve de la corde parce que je me suis ouvert la paume de la main pendant le mur d’escalade-sur-le-côté (que j’ai réussi à moitié, pour une fois) et il s’est passé un truc assez atroce quand je suis arrivée devant mon obstacle préféré celui avec lequel j’ai emmerdé tout le monde pendant un an en disant que je voulais refaire la Spartan juste pour la photo de profil Facebook de moi qui saute au dessus du feu. J’ai eu les jambes qui ont tout simplement décidé qu’elles ne pouvaient plus rien faire. Très, très, TRÈS étrange, ça m’était jamais arrivé je crois, mais même avec la plus grande volonté du monde (je crois que j’ai pas mal de volonté et un esprit un tout petit peu compétitif), j’ai été incapable de sauter par dessus. J’ai passé la ligne d’arrivée, récupéré ma médaille, mon tee-shirt trop grand et je suis allée m’effondrer à côté des garçons qui avaient fini depuis environ des siècles et qui buvaient déjà tranquillement leurs bières (sportifs du dimanche).

Voilà. Comme chaque fois, passer la ligne d’arrivée, c’est toujours un moment un peu fou, on est absolument épuisé et heureux comme jamais. Je crois que je me répète à chaque fois que voilà, c’est pour ça que je m’entraine et que je cours, parce que cette sensation à l’arrivée, elle vaut beaucoup.

spartan_4©Spartan

Désolée pour les photos : elles ne sont pas de moi et j’en ai pas de moi – j’avais les lunettes de soleil coincées sur le bandeau avec mon numéro, utilisé pour identifier les photos, alors j’ai pas trop cherché encore les miennes.


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